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Portrait
Yolande Lancieaux, la vie qui chante
Née à Poissy en 1932, Yolande Lancieaux n’a jamais quitté la cité saint Louis où elle a joué de nombreux rôles. Sur scène mais pas seulement. Au point d’en devenir une figure incontournable.
Barbara, Jean-Jacques Goldman, Thomas Dutronc, Eddy Mitchell, Julien Clerc… Sous forme de CD ou de livres, la chanson française est à l’honneur dans un coin de l’appartement de Yolande Lancieaux, non loin de l’Octroi. Mais ce n’est rien au regard de la place qu’occupe la musique dans sa vie. Car de sa plus tendre enfance à aujourd’hui, Yolande, qui soufflera ses 91 bougies le 1er mai prochain, n’a eu de cesse de saisir les nombreux micros qui lui ont été tendus. Et ce malgré un obstacle de taille.
« J’ai toujours voulu chanter mais mes parents n’étaient pas d’accord », confie Yolande qui va dès ses 14 ans embrasser le métier de typographe, avant de devenir successivement correctrice d’imprimerie, secrétaire de la ferronnerie pisciacaise de son mari et enfin gérante avec ce dernier d’un magasin de décoration rue du Général-de-Gaulle.
Pour assouvir sa passion, dès 16 ans elle chante le week-end avec l’orchestre du bal de Carrières-sous-Poissy puis fonde le groupe de musique de l’imprimerie avec qui elle participe à de nombreux galas de bienfaisance. Mais c’est une fois à la retraite que Yolande « réalise ce qu’elle a voulu faire toute sa vie ». « J’ai pris des cours de chant pour mieux gérer mon souffle et placer ma voix puis créé le groupe "Chantons ensemble" composé de Pisciacais », se souvient-elle.
« Chanter pour rester jeune »
Toujours programmé une fois par mois à la RPA (résidence autonomie) Les Ursulines, le groupe a fait vibrer « toutes les maisons de retraite de la région » et donne depuis 1999 un gala par an au Centre de Diffusion Artistique (CDA). Et les enfants du club Saint-Exupéry l’accompagnent en dansant au CDA et lors de la fête de quartier depuis l’an 2000. « Je pense que c’est le fait de chanter qui me permet de rester jeune. Sur scène, les douleurs s’évanouissent. Et travailler avec les enfants, est vraiment rafraîchissant », savoure Yolande qui endosse également le costume de coach des élus pour leurs prestations lors du traditionnel banquet des aînés. Des élus qui « se débrouillent bien », salue-t-elle.
Et si elle est une icône dans la cité saint Louis, ce n’est pas seulement grâce à ses prestations sur les scènes de la ville. Née en 1932 Cours du 14 juillet (boulevard de la Seine à l’époque), Yolande a vécu toute sa vie à Poissy, comme son mari Maurice, centenaire en octobre 2022, avec qui elle a eu deux enfants, qui lui ont offert cinq petits-enfants et un arrière-petit-fils. 91 années pisciacaises qui lui ont donné l’occasion de se coiffer de nombreuses autres casquettes : « J’ai beaucoup œuvré au Club Péguy, notamment au sein de l’association AVF (accueil des villes françaises), qui s’activait pour les nouveaux arrivants. J’en ai été présidente durant huit années au cours desquelles le nombre d’adhérents est passé de 150 à 300. J’ai également été secrétaire de l’association Poissy Jeunesse. Dans le cadre du jumelage, j’ai été à Pirmasens et j’ai accueilli des visiteurs allemands. M’investir pour cette ville et les Pisciacais que j’aime tant est très important pour moi. » Et c’est réciproque.
Les Reines boréales à l'assaut de la Laponie
Les Pisciacaises Cécile Dubois-Van der Beken et Jennifer Edle Von Graeve vont participer au Lapony Trophy, un raid sportif et caritatif du 10 au 14 mars 2023.
L’histoire des Reines boréales débute il y a dix ans, quand Cécile Dubois-Van der Beken et Jennifer Edle Von Graeve se rencontrent…à la maternelle. Leurs filles âgées de trois ans sont scolarisées dans la même école et très vite les deux mamans se lient d’amitié. « Nous avons tout de suite accroché et nous nous sommes mis à faire des activités ensemble, notamment sportive, sourit Jennifer. Nous allons courir en forêt ou en bord de Seine, nous faisons du piloxing à la Saint-Louis de Poissy avec Jordana… ».
Rien qui ne sorte vraiment de l’ordinaire, jusqu’à ce que Jennifer entende parler du Lapony Trophy. Un raid 100% féminin de trois jours dans le grand nord finlandais, initialement prévu du 19 au 23 janvier puis finalement décalé du 10 au 14 mars 2023. Au programme, trois jours d’épreuves (run & raquettes, run et fatbike, ski de fond et icemad, un dérivé du bobsleigh) dans les conditions extrêmes qu’offre l’hiver polaire, avec des températures aux alentours de -25°. « J’ai toujours rêvé de participer à ce genre de raid, glisse Jennifer. Je songeais plutôt à une aventure en pays chaud. Jamais de n’aurai imaginé le faire en Laponie, dans le froid, mais le concept m’a plue. » « Je n’ai jamais songé à partir en raid et je n’aime pas le froid, avoue quant à elle Cécile. Mais partir avec Jennifer pour un tel challenge, c’est ce qui m’a décidé. »
La difficulté ne s’arrête pas au froid puisque les deux femmes, cadre dans la finance pour Cécile et ingénieure dans l’industrie pour Jennifer, ne sont pas vraiment familières avec les disciplines qu’elles devront pratiquer en Finlande : « Nous avons toutes les deux fait un peu de raquettes, mais jamais de ski de fond, reconnaît Cécile. Mais cela fait partie du jeu : l’idée du dépassement de soi est importante pour nous, montrer que l’on croit en soi et qu’on essaie d’aller au bout de ses rêves. Notre objectif c’est d’arriver ensemble… sans s’engueuler si possible », rigole-t-elle.
Soutien à l’association "Les Blouses Roses"
Un autre élément a encouragé les deux Pisciacaises à s’inscrire : le raid se veut caritatif. Chaque binôme doit chercher à récolter des fonds pour une association. Pour les Reines boréales, ce sera "Les Blouses roses", qui s’est donné pour mission de divertir par le jeu, la lecture, les activités manuelles et ludiques, les personnes hospitalisés, notamment les enfants. « L’association m’a soutenue quand j’ai accouché de mon enfant prématuré, souffle Jennifer, maman d’Emma, 13 ans et de Viktor, 3 ans alors que Cécile a trois enfants, Baptiste, 24 ans, Tristan, 22 ans et Daphné, 13 ans. A travers le raid, nous souhaitons valoriser ses actions ainsi que le travail des bénévoles. »
A quelques mois du départ, les Reines boréales ont entamé une préparation physique plus intensive (footings plus intensifs et plus longs, paddle, renforcement musculaire, vélo) et sont impatientes de s’envoler : « Au-delà de l’aspect sportif, j’ai hâte de découvrir ce pays, les paysages, les aurores boréales et peut être le Père Noël », s’amuse Cécile. L’occasion, pourquoi pas, de lui demander un cadeau pour célébrer dix ans d’amitié qui auront emmené les deux Pisciacaises plus loin qu’elles ne l’imaginaient.
Si vous souhaitez soutenir et suivre Les Reines Boréales, rendez-vous sur leur page Facebook et Instagram ou par mail : lesreinesboreales@yahoo.com
Coraline Gabard, une toquée de cuisine au Quai d'Orsay
Chef de partie, Coraline Gabard, épice de notes pisciacaises la cuisine du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères où la gastronomie française est portée en étendard.
Ce visage a sans doute un petit goût de Madeleine de Proust pour certains lecteurs. En décembre 2014, les aventures de Coraline Gabard garnissaient déjà les colonnes du journal. A l’époque, la Pisciacaise de 21 ans s’apprêtait à représenter l’Ile-de-France lors de la finale nationale des Olympiades des métiers. Tombée dans la marmite toute petite, titulaire d’un BTS option cuisine et d’une licence en restauration gastronomique, Coraline Gabard s’était alors contentée de la 13e place. Pas suffisant pour refroidir ses ardeurs. D'autant que la native de la cité saint Louis portait déjà en elle la recette du succès : une passion dévorante saupoudrée d'une abnégation épatante.
De quoi la conduire derrière les fourneaux des prestigieuses enseignes parisiennes des renommés Guy Martin puis Pierre Hermé entre 2016 et 2020. Depuis, elle joue le rôle de chef de partie sur l'une des plus belles scènes où gastronomie et savoir-vivre à la française se donnent la réplique : la cuisine du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères.
« J’adore les challenges et travailler au Quai d'Orsay en est un fabuleux », s'enthousiasme-t-elle. « Je suis la seule femme au sein d’une brigade expérimentée dans cette cuisine où quasiment tout est en cuivre. Surtout, on y propose de nombreuses recettes oubliées datant d’Auguste Escoffier (célèbre chef ayant créé de nombreuses recettes entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle) avec notamment des légumes tournés (sculptés au couteau). Au cours des premiers mois, je retravaillais chaque soir chez moi pour me sentir à la hauteur. »
Exaltée par les concours qui étanchent sa soif de défis, Coraline Gabard est repartie tout au long de l’année 2022 à l’assaut de la Cuillère d’or, une compétition gastronomique 100% féminine. « Ces derniers mois, j’arrivais à 4h dans la cuisine du ministère et je m’exerçais jusqu’à ma prise de poste à 7h30 », se remémore-t-elle. Malgré sa 4e place finale, Coraline se réjouit d’avoir eu une nouvelle fois l’occasion de « rencontrer d’autres cuisiniers, d’échanger sur des techniques ».
Une opportunité qui se présentera à nouveau bientôt. Le 24 janvier, elle sera jurée de la phase régionale des Olympiades des métiers rebaptisées World Skills, au lycée hôtelier de Saint-Quentin-en-Yvelines où elle a étudié.
Coraline, désormais âgée de 29 ans, prend rarement le temps de souffler. Et quand c’est le cas, la cuisine n’est jamais bien loin : « Je suis passionnée de voyages mais c’est essentiellement pour découvrir de nouvelles saveurs et d'autres façons de faire. Ce que je préfère dans mes séjours, c’est arpenter les marchés. Je rêve de me rendre au Japon où sont travaillés des produits et notamment des poissons incroyables. » Insatiable, Coraline Gabard n'a pas fi ni de faire parler d'elle.
Crédit photo : Judith Litvine / MEAE
Rémi Devilleneuve, réserviste et fou de trail
Bénévole dans la réserve communale de sécurité civile à Poissy, Rémi Devilleneuve est aussi un coureur longue distance qui vient de terminer la mythique Diagonale des Fous à La Réunion.
Samedi 22 octobre, sur les coups de 21h, Rémi Devilleneuve est devenu un fou. L’un de ces coureurs qui ont franchi la ligne d’arrivée d’une des courses les plus difficiles au monde, la Diagonale des Fous de la Réunion. Jugez plutôt : 165km de distance pour 10 000 mètres de dénivelé positif, en un peu moins de 48h (47h55’21“ pour être précis). Alors, à l’heure du bilan, deux jours après ce défi insensé, le Pisciacais balance encore entre deux sentiments : « C’était génial, l’ambiance est incroyable tout au long du parcours mais en même temps inhumain, évoque-t-il. On ne fait jamais deux pas identiques, ça fracasse le corps et l’esprit, on est poussé dans ses retranchements. » Dans les moments plus difficiles, « le mental est primordial, assure celui qui a commencé les longues distances en 2018 avec les 100km de Millau. C’est lui qui me permet d’avancer quand mon corps dit non. Je trouve le petit supplément d’énergie pour aller plus loin dans les paysages, un coup de vent qui rafraîchit, dans un encouragement, une musique… ça nourrit mon envie d’avancer. » Comme au 105e kilomètre de la Diagonale des Fous, quand le dossard 2 111 se pose une heure et songe à l’abandon. Une sieste de 10 minutes, un peu de nourriture et les messages de soutien comme ceux du groupe scout de Poissy ou de l’équipe du restaurant La Chaumière lui donne la force de repartir et de rallier l’arrivée ou l’attendent sa femme et ses trois enfants.
165km, 10 000m de dénivelé positif en près de 48 heures
Après quelques jours de vacances sur “L’île intense“, la famille va retrouver Poissy, où elle s’est installée en 2012 : « Nous sommes venus pour nous rapprocher du travail de ma femme et nous avons été séduits : on y retrouve tous les atouts d’une grande ville à taille humaine, avec la forêt à proximité, du dynamisme, des activités. Les enfants font du sport à La Saint-Louis de Poissy, de la musique au Club Péguy, sont aux scouts… », détaille celui qui s’investit en retour dans la vie de la cité. En 2019, ce patron d’une entreprise de prévention des risques fait partie, tout comme sa femme Stéphanie qui travaille à l’usine Seine aval à Achères, des premiers inscrits à la réserve communale de sécurité civile : « Il nous semblait intéressant de mettre à profit notre expérience pour la ville et ses habitants, développe celui qui a été pompier volontaire et bénévole à La Croix Rouge pendant ses études. En cas de crise, ce dispositif peut être un véritable atout notamment en permettant aux forces de sécurité et de secours, de rester dans leur cœur de métier, en s’appuyant sur les bénévoles pour des tâches annexes. Nous sommes un maillon de la chaîne, la petite fourmi qui fait que chacun se concentre sur sa mission. Si une crise urgente éclate, je lâcherai mon activité sans hésiter. »
Entre vie de famille et professionnelle, engagement associatif et sportif, Rémi l’ingénieur de formation l’avoue en souriant, « j’ai une vie millimétrée. Je planifie les scénarios, je me pose 1 000 questions. Mais ce n’est pas un problème car je fonctionne comme ça pour tout. Et au final, je profite de tous les moments à fond. »
Karine Conte, le goût des autres
Nommée première adjointe à la nouvelle maire le 11 juillet, Karine Conte peut s’appuyer sur sa grande expérience des relations humaines et sa fine connaissance de Poissy où elle vit depuis 1985.
Administré, agent, élu ou encore journaliste, quel que soit l’interlocuteur qui la sollicite pour échanger, Karine Conte répond tout sourire « avec plaisir ». La nouvelle 1ère adjointe déléguée à l’administration générale, aux finances, aux ressources humaines et au numérique, nommée lors du conseil municipal du 11 juillet, raffole des relations humaines.
Une passion née dès la fin des années 60 entre les tables des bars et restaurants tenus par ses parents à Château-Thierry (Aisne) et à Tours (Indre-et-Loire) : « Grâce à eux, j’ai toujours été au contact des gens. Toute petite, je servais les clients. C’est sans doute là que s’est tissée mon envie d’échanger, aider, organiser. D’ailleurs, de la sixième à la classe préparatoire, j’ai toujours été déléguée. »
Et sa carrière professionnelle en témoigne. Après un stage dans les rangs de PSA à Poissy, qui lui transmet « le goût de l’automobile et de l’ambiance de l’usine », Karine Conte passe en 1989 sous les couleurs de Renault qu’elle ne quittera qu’en 2022. Des Yvelines à la Seine-Maritime, en passant par la Sarthe, elle a notamment occupé les postes de chef d’atelier fabrication, responsable de l’emploi et de la formation, chargée des relations sociales, manager, DRH ou encore formatrice de formateurs.
« Écouter et se parler vrai »
33 années au cours desquelles elle a appris puis transmis aux managers de ’’la marque au losange’’ comment entretenir sérénité et efficacité au sein d’une équipe : « Plus on va voir les gens, plus ils nous donnent leur ressenti. Une relation de confiance se crée ainsi. Quand les choses restent cachées, du temps et de l’argent sont perdus. Il faut écouter et se parler vrai, sans s’attaquer pour autant. »
Durant toutes ces années, la native de Château-Thierry enchaîne les trajets entre son travail et Poissy où elle a emménagé dans la maison familiale de son compagnon rencontré à 20 ans en classe préparatoire -une demeure qu’elle est sur le point de transformer pour partie en gîte.
Pour étancher sa soif d’engagement, elle se rapproche de la mairie et Jacques Masdeu-Arus lui propose d’être sur sa liste lors de son quatrième mandat lancé en 2001, puis dans l’opposition après la victoire de Frédérick Bernard en 2008. Conseillère municipale déléguée depuis 2014 avec Karl Olive, Karine Conte est devenue première adjointe au mois de juillet, lors de la passation entre l’édile élu député et la nouvelle maire Sandrine Berno Dos Santos.
« C’est une grande fierté, confie-t-elle. Mon ambition est de servir Sandrine, l’équipe, la Ville. Je ferai tout pour. Concernant les finances, il s’agit de trouver les leviers pour réduire nos dépenses sans réduire la prestation pour les Pisciacais, ni augmenter la pression fiscale. Au niveau des ressources humaines, il faut veiller à ce que chacun soit à la bonne place et donne le meilleur de lui-même pour les Pisciacais. » Avec pour recette « de l’échange et du plaisir ».
Sandrine Berno Dos Santos : "Le mandat de maire est le plus beau à mes yeux"
Pour sa première rentrée en tant que maire de Poissy, Sandrine Berno Dos Santos revient sur son élection, partage sa vision du rôle de première magistrate et les priorités de la majorité engagée depuis 2020 dans le mandat du siècle.
Le dimanche 3 juillet 2022, le conseil municipal vous a élue maire de Poissy. Pouvez-vous nous dire ce que vous avez ressenti ?
D’abord une grande fierté à titre personnel, car cette élection marque l’aboutissement d’un parcours politique. C'est aussi un grand bonheur de prendre les rênes d'une équipe tellement engagée pour notre ville de Poissy. Le fait d’être la première femme maire de cette belle cité est également un signal important, d’autant plus que le mandat de maire est le plus beau à mes yeux. Une fierté aussi vis-à-vis de ma famille qui était à mes côtés ce jour-là. Il y avait également un peu de stress : je reprends la gestion d’une ville de bientôt 40 000 habitants, à la suite de Karl Olive, une personnalité très appréciée des Pisciacais et qui a tout donné pour Poissy. Il s’agit d’un gros challenge mais cela ne me fait pas peur.
"La transition avec Karl Olive s’est faite naturellement"
Vous succédez en effet à Karl Olive dont vous étiez la première adjointe. Comment s’est organisée la transition avec l’ancien maire, désormais député de la 12e circonscription ?
Jusque-là j’étais déléguée à l’urbanisme et aux finances, deux délégations importants qui me permettaient d’avoir une vue globale de la situation et notamment des différents projets menés à Poissy. Depuis huit ans avec Karl Olive, nous travaillons ensemble, nous partageons énormément. Et depuis quelques mois nous préparions la relève au cas où. La transition s’est faite assez naturellement. Avec les équipes, j’ai été associée progressivement à toutes les prises de décisions, j’ai émis des préconisations puis pris la main sur certains dossiers, y compris ceux qui ne me concernaient pas directement.
Après son élection à la députation, Karl Olive a souhaité ne pas rester au conseil municipal : il ne voulait pas être vu comme un maire bis. Cette décision m’a permis de prendre cette fonction à bras le corps, sans être dans l’ombre d’une personnalité très appréciée des Pisciacais.
Avec votre élection, les délégations du conseil municipal ont également été légèrement modifiées. Comment s’est réorganisée la majorité ?
Légèrement, c’est le bon terme. Il n’y a pas eu de bouleversements, ni au niveau des adjoints, ni au niveau des délégués. En revanche, pour mon premier adjoint, une décision très importante puisqu’il s’agit du bras droit, de la personne qui doit vous seconder quand vous n’êtes pas là, mon choix s’est porté sur Karine Conte, quelqu’un d’une compétence et d’une bienveillance extrêmes. Elle était cadre chez Renault, aux ressources humaines, et connaît donc parfaitement le management. C’est quelqu’un de très ouvert, très appréciée de ses collègues élus et de l’ensemble des agents. Ce choix était une évidence.
En tant que nouvelle maire, quelles seront vos priorités, vos principales orientations pour les années à venir ?
Ce sont celles que nous avons présentées aux Pisciacais et pour lesquelles nous avons été élus. Ma première priorité est de mettre en œuvre l’intégralité de ce programme très dense. Mais je pense qu’il existe tout de même trois axes sur lesquels nous allons devoir travailler plus particulièrement : la petite enfance et l’éducation, l’environnement et la stabilité financière.
En ce qui concerne l’éducation, deux écoles vont sortir de terre avec l’extension du groupe scolaire Robert-Fournier et un nouveau groupe scolaire dans l’EcoQuartier Rouget-de-Lisle. Nous en avons véritablement besoin pour accueillir nos nouveaux Pisciacais. Construire des écoles, cela signifie que des familles s’installent à Poissy et qu'elles y sont heureuses. A l’horizon 2025, nous accueillerons aussi un collège, toujours dans l’EcoQuartier.
La petite enfance constitue pour moi un vrai sujet car on se rend compte qu’il existe une pénurie de places en crèche et de manière plus globale d’offre pour la garde des enfants. Si nous voulons accueillir correctement les nouveaux habitants, il faut absolument que nous puissions leur fournir toute l’aide logistique dont ils ont besoin. C’est donc une priorité d’ouvrir de nouvelles crèches, en fonction des quartiers, et d’offrir de nouveaux modes de garde. Ou, à tout le moins que nous puissions leur proposer des solutions alternatives. Je suis mère de famille, je sais à quel point les enfants, quel que soit leur âge, sont une priorité.
"Il y a trois axes sur lesquels nous devons travailler particulièrement : la petite enfance et l’éducation, l’environnement et la stabilité financière."
L’environnement constitue notre deuxième priorité. Mais pas le green washing que l’on voit souvent. Je souhaite mener des projets structurants, notamment pour réduire notre empreinte carbone, afin que Poissy soit écoresponsable dans le sens noble du terme. II s’agit d’une nécessité au vu du dérèglement climatique, comme on a pu le constater avec les fortes chaleurs cet été qui sont sans doute amenées à se répéter. Il faut impérativement réfléchir à des solutions pour ne pas se retrouver dans des situations compliquées dans les années à venir.
L’une des pistes consiste à favoriser les mobilités douces : nous aurons le tramway d’ici quelques années. Même si sa construction engendrera quelques désagréments, il s’agit d’une opportunité extraordinaire pour les Pisciacais de bénéficier de ces trois arrêts en ville.
Nous souhaitons aussi faciliter l’usage du vélo, ce qui ne signifie pas tracer une bande blanche par terre et mettre les gens en danger. Il faudra des pistes cyclables sécurisées. Une commission s’est mise en place pour réfléchir sur cette problématique. Dans quelques mois, nous serons en mesure de présenter des préconisations, tout ça avec l’aide du Codees (Conseil de développement environnemental, économique et social), qui est précurseur en la matière.
"L'objectif est de ne pas augmenter la pression fiscale"
La troisième priorité, qui n’est pas la moindre, c’est la gestion de nos finances. Le budget a été voté en avril et pourtant des dépassements apparaissent déjà : les fluides (gaz, électricité) à hauteur de 1,2 million ; l’augmentation du point d’indice 3,5%, une très belle chose pour les agents, qui représente 800 000€ de plus sur notre masse salariale ; la restauration scolaire, qui va connaître une hausse d’un million d’euros. Avec ces trois exemples, nous sommes déjà à trois millions supplémentaires par rapport au budget primitif.
L’objectif, comme nous l’avons fait depuis 2014, est de ne pas augmenter la pression fiscale sur les ménages car la situation s’avère déjà compliquée pour eux. Nous devons donc trouver d’autres solutions. Cela peut passer par de nouvelles économies même si nous avons déjà beaucoup travaillé dans ce domaine (25% de baisse de charges sur le mandat 2014-2020). Ça peut aussi être de réfléchir sur le financement de certains services qui ne sont pas essentiels. Concrètement, d’aller vers un utilisateur payeur. Quand, sur des prestations qui ne sont pas essentielles il y a des taux d’effort de 80%, c’est-à-dire, que le coût est supporté à 80% par la collectivité, il y a sans doute des choses à revoir. C’est pour cela que nous avons lancé depuis un an un grand travail de fond sur les tarifications même s’il ne s’agit encore que de pistes. Après, il n’y a pas de miracle, quand il n’y a pas d’argent qui rentre, il faut faire en sorte qu’il ne sorte pas. Je vais gérer la ville comme Karl Olive le faisait avant moi, en bonne mère de famille.
Première adjointe à l’urbanisme et aux finances pendant 8 ans, vous resterez certainement particulièrement attentive au suivi de sujets structurants : l’EcoQuartier Rouget-de-Lisle, la Pointe Robespierre, le budget…
Ce sont mes bébés, on n’abandonne pas ses bébés. Patrick Meunier me succède comme adjoint à l’urbanisme. J’ai toute confiance en lui. En tant que maire, je resterai concernée par ces sujets et par d’autres comme le nouveau conservatoire, la passerelle piétons -cyclistes vers Carrières-sous-Poissy, le Training Center du PSG ou encore l’extension de l’école Fournier.
Les notions de terrain et de proximité qui sont au cœur de l’action municipale resteront une boussole pour votre majorité ?
Bien sûr, il s’agit même une évidence. Ce qui rend le mandat de maire si intéressant, c’est que nous sommes au contact des gens. Si c’est pour rester enfermée dans mon bureau, ne rien voir, être hors sol, ça ne sert à rien. Pour savoir ce que veulent les Pisciacais, il faut être sur le terrain. Nous écoutons, nous essayons d’apporter des solutions, ce qui ne signifie pas "dire oui à tout". Mais quand on ne peut pas, on explique pourquoi.
Dans la même logique, les réunions publiques vont elles aussi continuer : il s’agit d’un moment de proximité avec les habitants qu’on ne voit pas forcément sur les marchés, qui peuvent nous faire remonter des informations et des remarques. Nous nous déplacerons dans les quartiers à intervalle régulier. Et quand nous serons interpellés sur un sujet nous tâcherons de trouver une solution immédiatement ou en alertant les services pour que ce soit réglé dans les meilleurs délais.
"Pour savoir ce que veulent les Pisciacais, il faut être sur le terrain"
Vous avez été élue Conseillère régionale en 2021 sur la liste de la présidente Valérie Pécresse. En quoi est-ce important pour le maire de Poissy de siéger dans l’instance régionale ?
C’est important car la Région comme le Département sont des partenaires pour nos projets. Ils nous apportent leur expertise mais aussi des financements. Le fait d’avoir des élus dans ces deux instances nous permet d’avoir une visibilité et un potentiel d’actions que nous n’aurions pas si nous n’y siégions pas. Sans eux, un certain nombre de projets ne pourraient pas voir le jour comme la rénovation de la cité scolaire Le Corbusier ou les infrastructures de transports.
Vous avez également été élue 2e vice-présidente de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise en juillet. Quel rôle entendez-vous jouer au sein de l’intercommunalité ?
Je suis déléguée au tourisme : je trouve qu’il s’agit d’un très beau rôle car le tourisme participe à l’attractivité, au développement, permet de générer des revenus. La communauté urbaine est elle aussi un partenaire privilégié qui nous accompagne sur de nombreux sujets et nous apporte son expertise, par exemple sur la rénovation urbaine de Beauregard.
Quand on fait le récapitulatif, vous avez sur Poissy des élus à l'Assemblée nationale, au conseil départemental, au conseil régional, à la communauté urbaine. Autant d’instances qui peuvent nous aider dans nos projets. Nous avons de la chance, très peu de villes sont aussi bien représentées à tous ces niveaux.
Prendre ces fonctions a certainement nécessité une réorganisation importante de votre emploi du temps ?
Jusqu’à présent et aujourd’hui encore, je suis cheffe d’entreprise. J’ai une société spécialisée dans la gestion du poste client. Quand j’étais première adjointe je pouvais encore me partager entre ma société et la mairie, aujourd’hui ce ne sera plus possible. Je ne le découvre pas, donc j’ai pris mes dispositions en faisant monter en compétence certains de mes collaborateurs pour qu’ils puissent travailler en autonomie. C’est un choix car on ne peut pas être cheffe d’entreprise et maire à temps plein. On peut faire mal les deux, ou bien un des deux. Moi j’ai choisi d’exercer pleinement mon mandat de maire.
"J’ai choisi d’exercer pleinement mon mandat de maire"
C’est l’heure de la reprise en ce mois de septembre 2022. Comment se présente la rentrée à Poissy ?
Heureusement nous n’attendons pas le dernier moment pour la préparer. Nous anticipons grâce au travail des services. Il y aura sans doute quelques surprises de dernière minute comme d’habitude mais cela se présente bien. Avec mes collègues élus nous serons présents le jour J sur place, pour nous assurer que tout se passe bien dans les écoles. Nous serons aussi attentifs à la distribution des pochettes scolaires, une des spécificités de notre ville, qui mettent les enfants sur un même pied d’égalité.
Dans les mois qui viennent, certains projets vont entrer dans le vif du sujet. Je pense notamment au nouveau conservatoire dont le projet et l’architecte ont été choisis au printemps dernier, au Training Center du PSG qui avance très vite, au tramway dont les travaux vont bientôt démarrer.
Des événements se succèderont tout au long du mois de septembre, à commencer par le forum des associations le 4 septembre, témoin de la très riche vie associative pisciacaise. Je tiens d’ailleurs à remercier tous les bénévoles qui font eux aussi vivre Poissy.
Le week-end suivant, nous aurons la grande joie de recevoir une trentaine d’élus de notre ville jumelée de Pirmasens qui nous ont tant manqués. Nous allons réfléchir à ce que ce jumelage puisse concerner le maximum de Pisciacais, même si cela existe déjà entre établissements scolaires et associations.
Cette rentrée sera aussi marquée par de nombreux rendez-vous culturels avec le lancement de la saison du théâtre qui affiche déjà un taux de remplissage important. Pour la deuxième année, nous aurons le plaisir d’accueillir L’Estival, un magnifique événement avec des artistes de haute volée.
Madame le maire, les Pisciacais ne vous connaissent pas encore forcément tous très bien. Que pouvez-vous nous dire de vous, de votre parcours ?
C’est vrai que je suis assez discrète, je ne suis pas une grande communicante, au grand dam de mes collaborateurs. Je suis née à Rueil et je suis arrivée sur Poissy en 1999, le jour de la grande tempête ! Les premiers temps ont été plutôt compliqués, notamment au niveau des transports, car je venais d’une ville de la petite couronne. Puis très vite je me suis rendu compte de tout ce qu’offrait la ville comme possibilités. Des gens agréables à vivre, énormément de choses à faire. Aujourd’hui je ne quitterais Poissy pour rien au monde. Je suis maman d’une jeune fille de 15 ans qui rentre au lycée cette année. Sur le plan professionnel, après des études de droit, j’ai créé ma société il y a 20 ans.
Je suis arrivée en politique via le sujet de l’école Vanpoulle : je n’étais pas opposée à une école, la preuve nous sommes en train d’en construire deux. Mais avec certaines personnes du quartier, nous estimions que les choses n’étaient pas faites de manière intelligente. C’est comme ça que nous avons rencontré Karl Olive qui n’était pas encore maire, puis que j’ai rejoint sa liste pour les élections municipales de 2014.
Jusque-là, je n’étais pas vraiment intéressée par la politique car ma société me prenait beaucoup de temps. J’essayais de vivre au mieux ma ville en étant inscrite dans des associations, en pratiquant du sport, en allant au théâtre, au cinéma, en consommant local, car c’est important pour moi, surtout que nous avons la chance d’avoir sur Poissy un panel de commerçants de qualité extrêmement varié. Quand Karl Olive m’a proposée de le rejoindre, je me suis dit « pourquoi pas » : Poissy m’a accueillie, je suis très bien dans cette ville. J’ai trouvé normal de rendre la pareille et de m’investir dans cette cité, de plus en plus au fil des années car c’est quelque chose que j’ai adoré. Jusqu’à aujourd’hui où je prends la tête de la ville. Mais cela ne signifie pas travailler seule : il y a une équipe autour de moi, avec des gens extrêmement compétents. C’est en équipe que nous prenons les décisions, en restant toujours à l’écoute des Pisciacais.