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Portrait
Nicolas Barrault, un Pisciacais dans le grand monde du vin
Le Pisciacais Nicolas Barrault a participé les 1er et 2 octobre au championnat du monde de dégustation de vin à l’aveugle sous les couleurs de l’équipe de France.
Quand il s’est inscrit pour la première fois à un club d’œnologie en 2008, Nicolas Barrault n’imaginait pas participer au championnat du monde de dégustation de vin à l’aveugle les 1er et 2 octobre 2021. « Je viens d’une famille de gastronome et d’amateur de vin, précise celui dont les parents sont de Saint-Germain-en-Laye. A l’époque, j’appréciais le vin mais je ne m’y connaissais pas vraiment. Alors je me suis rendu au Musée du Vin qui organise des cours de dégustation, d’abord pour découvrir et apprendre à apprécier le vin, pour discuter avec des spécialistes. » Très vite, l’univers viticole séduit le Pisciacais : « On y découvre tellement de choses. Comment tenir correctement un verre, à quelle température boire tel ou tel vin, quand le carafer… », énumère-t-il. Mais l’essentiel, évidemment, reste la dégustation, avec ses trois étapes, l’examen visuel, l’examen olfactif et l’examen gustatif, sans boire évidemment. Au sein du musée du Vin puis du club d’œnologie de Chambourcy, une fois par mois, Nicolas Barrault découvre le vin différemment : « On nous apprend à placer notre goût, à mettre des mots sur ce qu’on ressent, explique-t-il. On ne peut pas tout connaître mais on peut progresser constamment, surtout avec des professeurs comme Pascal Piednoir. »
Vice-champion de France en 2021
C’est au contact de cette référence de l’œnologie que Nicolas Barrault va s’initier en 2020 à la dégustation à l’aveugle, au sein du club Vignyfica de Voisins-le-Bretonneux. « Quand j’ai débuté, je n’avais pas dans l’idée de me lancer dans la compétition, assure l’informaticien de métier. Je souhaitais me perfectionner dans la connaissance des vins en apprenant une autre méthode qui fonctionne en quelque sorte à l’inverse de la dégustation traditionnelle. Il faut s’entraîner très régulièrement car on perd très rapidement la mémoire des goûts. »
Cet été, Nicolas Barrault a franchi un nouveau cap en participant, avec son équipe de Vignyfica, au championnat de France de dégustation l’aveugle au château de Pennautier le 3 juillet. En terminant 2es derrière une équipe belge, après une compétition très serrée, les Français se sont qualifiés pour les championnats du monde.
Une compétition qui s’est déroulée le week-end dernier dans le cadre prestigieux du Palais des Papes d’Avignon. Avec ses coéquipiers, Nicolas Barrault a tenté de reconnaître à l’aveugle 12 vins du monde à travers leurs caractéristiques : pays producteur, cépage principal, appellation, domaine et millésime. « Comme pour le championnat de France, chacun prend des notes, nous échangeons et le capitaine décide en dernier ressort, détaille Nicolas Barrault. Tout l’été, nous nous sommes entraînés une fois par semaine sur un thème précis (un cépage, un pays). »
Une vingtaine de pays étaient représentés à Avignon parmi lesquels la Suède, la Belgique, l’Espagne et la Chine, déjà sacrés par le passé. Double championne du monde en titre, la France a terminé à la 6ème place d’une édition 2021 remportée par la Hongrie devant la Belgique et l’Espagne.
Joël Picard, apôtre du circuit court sur le marché de Poissy
Maraîcher sur le marché de Poissy depuis 2010, Joël Picard est un ardent défenseur du circuit court. À l’occasion de la Semaine européenne du développement durable, rencontre avec ce Gargenvillois qui a délaissé Rungis pour mieux se consacrer aux papilles des Pisciacais.
La Semaine européenne du développement durable peut se célébrer de diverses manières. Faire ses emplettes au marché de Poissy en est une excellente. « Tomates, aubergines, courgettes, … tout le frais a été ramassé hier, on le retrouve sur les étals ce matin et dans l’assiette dans une heure », se félicite Joël Picard. En réalité, il n’y a plus grand-chose à se mettre sous la dent ce midi sur le stand de cette figure du marché. Comme quasiment à chaque fois, le maraîcher a été dévalisé. « Le dimanche je repars à vide, le vendredi c’est presque la même chose et le mardi on n’en est pas loin non plus », savoure le Gargenvillois présent sur la cité saint Louis depuis 2010.
Un vendeur textile placé à une vingtaine de mètres se réjouit des ponctuelles et toutes relatives baisses d’affluence qui lui permettent de ne pas voir son stand bouché par l’interminable file d’attente et d’aller s’offrir les derniers œufs encore disponibles. Car en plus des fruits et légumes, l’homme de 59 ans propose à chacune de ses apparitions 200 œufs pondus le matin même et écoulés en quelques heures.
Des produits frais et originaux
Celui qui compte 50 hectares au total, dont le nectar sur l’île de Gargenville, possède également 25 bovins. Mais si le stand de Joël Picard est tout indiqué pour trouver des produits fraîchement récoltés et originaux comme les aubergines longues « qui partent comme des petits pains », pas la trace d’une brique de lait ou d’une tranche de jambon : « J’ai des bovins simplement pour le fumier, c’est plus naturel. »
Un fumier qui lui a valu quelques surprises : « La première année, j’arrivais avec des tomates de 1kg, j’ai la main plus légère maintenant ». Et des bovins qui lui jouent quelques tours : « Hier soir, je terminais de charger le camion quand un voisin m’a appelé pour me dire que quatre de mes vaches étaient de sortie. Ce midi, il en manque toujours une à l’appel. »
« Le contact direct avec le consommateur, un vrai plaisir »
Mais avant de poursuivre son cache-cache, Joël Picard se concentre sur les derniers de ses quelque 300 clients qui affluent à chaque fois. « Le contact direct avec le consommateur, un vrai plaisir », pour celui qui s’est formé au métier d’électro-diéséliste puis s’est lancé comme maraîcher en 2001 à la veille de ses 40 ans, notamment à Rungis. Exit désormais la vente en gros. Ses clients les plus conséquents à Poissy sont les restaurants Le Mouton blanc « qui récupère notamment chaque semaine 100kg de pommes de terre et des carottes » et La Bonne planque « dont le chef vient régulièrement fouiller ici pour composer sa carte ».
De quoi copieusement égayer les 115 heures de travail hebdomadaires de Joël Picard, qui propose également ses produits à Mantes-la-Jolie ainsi qu’à Verneuil-sur-Seine et a seulement coupé deux jours dans le Lot cet été.
Après avoir soufflé ses 60 bougies en octobre, il devrait toutefois rapidement lever le pied : « Je peux partir à la retraite en janvier. Ma femme rouspète parce que je ne remplis pas les papiers. Elle pense que je ne veux pas arrêter. » Difficile de contredire Valérie Picard tant son mari affiche enthousiasme et larges sourires en compagnie de ses clients. Et ceux de Poissy, où sa grand-mère également maraîchère venait à cheval depuis Bougival dès les années 40, sont veinards car le marché de la cité Saint-Louis sera le seul qu’il compte poursuivre à compter de 2022. Le réveil n’a pas fini de sonner tôt pour Joël Picard et les Pisciacais.
Marco Guaramonti, un ultra-trailer à Poissy
Le samedi matin, à 9h, Route vieille de Poissy, vous avez de fortes chances de trouver Marco Guaramonti parmi les inconditionnels de La Cavalcade. Pour cet Italien de 48 ans, le rendez-vous est presque immanquable : pendant près d’une heure, avec ce petit groupe d’adeptes de la course à pied, il arpente les chemins de la forêt de Saint-Germain-en-Laye. Et si aujourd’hui, ce grand gaillard qui affiche 90kg sur la balance a été capable de courir pendant 45 heures l’été dernier pour parcourir les 160 kilomètres du Grand Raid des Pyrénées, il n’en était pas de même quand il a rejoint La Cavalcade il y a près de sept ans. « A l’époque, je pesais 130kg, se remémore ce papa de deux enfants. Je traversais la crise de la quarantaine, c’était compliqué. Tout s’est résolu quand nous avons décidé de déménager d’Ivry à Poissy d’où ma femme est originaire. »
A La Cavalcade, « l'ambiance est motivante »
La famille retrouve un nouvel équilibre et ce cadre se remet progressivement au sport, d’abord dans une salle, « mais je m’ennuyais rapidement sur un tapis de course », puis avec La Cavalcade qu’une amie de sa femme lui fait connaître. « Ça m’a plu tout de suite, assure celui qui travaille à l’international. Appartenir à ce groupe m’a beaucoup aidé à aimer courir. Tu ne peux que progresser, surtout au début. L’ambiance est motivante, il n’y a pas de concurrence mais de l’émulation. »
Très vite, courir est devenu un besoin. « Il s’agit d’un moment pour moi, pendant lequel je suis seul maître à bord, détaille Marco Guaramonti. Je peux décider de mon allure, du chemin, d’y aller seul ou pas. Je cours essentiellement en forêt, j’évite au maximum le bitume. Sauf quand je vais dans un pays que je ne connais pas : découvrir une ville en courant, au petit matin en particulier, est extraordinaire. J’ai des souvenirs magnifiques de Rome et Madrid notamment. »
Au bout d’un an avec La Cavalcade, il se fixe l’objectif de participer au 20km de Paris, en 2016. Le challenge est relevé : « J’ai terminé en vrac mais avec la satisfaction de faire moins de deux heures, ce qui était mon but. Dans la foulée, j’ai décidé de viser l’Ecotrail de Paris. » Soit une course de 30km qui marque le début de son envie de courir toujours plus longtemps. Dans les années qui suivent, Marco Guaramonti augmente progressivement les distances, 45km, 63km, 80km, en s’orientant vers les courses nature dans l’Aubrac, les Causses, l’Auvergne…
Jusqu’à cet été où il enchaîne le Gran Trail Courmayeur (100km) le 10 juillet puis le Grand Raid des Pyrénées du 20 au 22 août. A chaque nouveau défi, le désormais ultra-trailer sait qu’il va entrer « dans des zones inconnues. Je ne peux pas connaître la réaction de mon corps avant de l’avoir vécu. Il faut s’adapter au lieu, à la chaleur, au manque de sommeil, à la nourriture, à sa forme. On apprend tout le temps, surtout de ses erreurs, en gérant la fatigue, le stress, en repoussant le négatif. Dans les moments de grande fatigue, il faut se concentrer, juste mettre un pied devant l’autre. Je ne vais pas sur ces épreuves pour gagner la course mais pour gagner ma course. » Il en a encore fait l’expérience lors du trail pyrénéen quand, après une vingtaine d’heures, il se rend compte qu’il n’est pas au top : « Alors j’ai changé mon fusil d’épaule, résume Marco Guaramonti. Je voulais le faire en 42h mais je me suis fixé comme objectif de terminer la course, quel que soit le temps. » Au final, il ralliera l’arrivée en 45h et finira, comme à chaque fois, « en vrac, vidé ».
« Des moments de plénitude uniques »
Alors pourquoi s’infliger ces épreuves ? « Parce qu’il existe des moments de plénitude uniques pendant que l’on court, souffle le Pisciacais. Surtout dans la montagne et spécialement la nuit. » Comme cet instant au petit matin lors du Gran Trail Courmayeur : « A 2 000 mètres d’altitude, je sors de la forêt et là je vois dans la pénombre une ligne de lampes frontales. On est tous ensemble, dans le même effort… et au-dessus il y a les étoiles. » Au fil des kilomètres, les sensations sont décuplées : « Dans les Alpes, quand j’ai vu ma femme et mes enfants au bord du chemin pour m’encourager, c’était très fort, glisse-t-il encore ému. De même, dans les Pyrénées, où l’accueil a été grandiose, dans un petit village, des enfants encourageaient tous les concurrents, au milieu de la nuit. Ce sont des choses qui boostent. »
Et qui donnent envie de repartir. Prochain grand objectif de Marco, le Tor des Glaciers, un épouvantail pour tous les trailers avec ses 330 kilomètres et ses 24 000 mètres de dénivelé positif. « Ça reste mon fantasme, avoue-t-il. Je ne pense pas être prêt pour 2022 donc je vise 2023. Et je sais déjà que je ne participerai pas à des courses encore plus longues, ça impacterait trop ma famille, mon emploi. »
En attendant, celui qui était de retour à La Cavalcade une semaine à peine après son périple pyrénéen, veut prendre part, en 2022, à plusieurs courses longues (100 à 160km) voire même au-delà des 200km, « pour franchir une étape supplémentaire vers les 300km. » Parmi les épreuves envisagées, la LyonSaintéLyon (156km), le trail du Mercantour (180km) ou peut être la Diagonale des Fous à La Réunion (166km).
En revanche, le mythique Ultra trail du Mont Blanc ne le tente pas : « Je me vois plutôt faire le tour du Mont Blanc en randonnée, en famille, comme lorsque j’étais enfant dans le Val d’Aoste. »