Le samedi matin, à 9h, Route vieille de Poissy, vous avez de fortes chances de trouver Marco Guaramonti parmi les inconditionnels de La Cavalcade. Pour cet Italien de 48 ans, le rendez-vous est presque immanquable : pendant près d’une heure, avec ce petit groupe d’adeptes de la course à pied, il arpente les chemins de la forêt de Saint-Germain-en-Laye. Et si aujourd’hui, ce grand gaillard qui affiche 90kg sur la balance a été capable de courir pendant 45 heures l’été dernier pour parcourir les 160 kilomètres du Grand Raid des Pyrénées, il n’en était pas de même quand il a rejoint La Cavalcade il y a près de sept ans. « A l’époque, je pesais 130kg, se remémore ce papa de deux enfants. Je traversais la crise de la quarantaine, c’était compliqué. Tout s’est résolu quand nous avons décidé de déménager d’Ivry à Poissy d’où ma femme est originaire. »
A La Cavalcade, « l'ambiance est motivante »
La famille retrouve un nouvel équilibre et ce cadre se remet progressivement au sport, d’abord dans une salle, « mais je m’ennuyais rapidement sur un tapis de course », puis avec La Cavalcade qu’une amie de sa femme lui fait connaître. « Ça m’a plu tout de suite, assure celui qui travaille à l’international. Appartenir à ce groupe m’a beaucoup aidé à aimer courir. Tu ne peux que progresser, surtout au début. L’ambiance est motivante, il n’y a pas de concurrence mais de l’émulation. »
Très vite, courir est devenu un besoin. « Il s’agit d’un moment pour moi, pendant lequel je suis seul maître à bord, détaille Marco Guaramonti. Je peux décider de mon allure, du chemin, d’y aller seul ou pas. Je cours essentiellement en forêt, j’évite au maximum le bitume. Sauf quand je vais dans un pays que je ne connais pas : découvrir une ville en courant, au petit matin en particulier, est extraordinaire. J’ai des souvenirs magnifiques de Rome et Madrid notamment. »
Au bout d’un an avec La Cavalcade, il se fixe l’objectif de participer au 20km de Paris, en 2016. Le challenge est relevé : « J’ai terminé en vrac mais avec la satisfaction de faire moins de deux heures, ce qui était mon but. Dans la foulée, j’ai décidé de viser l’Ecotrail de Paris. » Soit une course de 30km qui marque le début de son envie de courir toujours plus longtemps. Dans les années qui suivent, Marco Guaramonti augmente progressivement les distances, 45km, 63km, 80km, en s’orientant vers les courses nature dans l’Aubrac, les Causses, l’Auvergne…
Jusqu’à cet été où il enchaîne le Gran Trail Courmayeur (100km) le 10 juillet puis le Grand Raid des Pyrénées du 20 au 22 août. A chaque nouveau défi, le désormais ultra-trailer sait qu’il va entrer « dans des zones inconnues. Je ne peux pas connaître la réaction de mon corps avant de l’avoir vécu. Il faut s’adapter au lieu, à la chaleur, au manque de sommeil, à la nourriture, à sa forme. On apprend tout le temps, surtout de ses erreurs, en gérant la fatigue, le stress, en repoussant le négatif. Dans les moments de grande fatigue, il faut se concentrer, juste mettre un pied devant l’autre. Je ne vais pas sur ces épreuves pour gagner la course mais pour gagner ma course. » Il en a encore fait l’expérience lors du trail pyrénéen quand, après une vingtaine d’heures, il se rend compte qu’il n’est pas au top : « Alors j’ai changé mon fusil d’épaule, résume Marco Guaramonti. Je voulais le faire en 42h mais je me suis fixé comme objectif de terminer la course, quel que soit le temps. » Au final, il ralliera l’arrivée en 45h et finira, comme à chaque fois, « en vrac, vidé ».
« Des moments de plénitude uniques »
Alors pourquoi s’infliger ces épreuves ? « Parce qu’il existe des moments de plénitude uniques pendant que l’on court, souffle le Pisciacais. Surtout dans la montagne et spécialement la nuit. » Comme cet instant au petit matin lors du Gran Trail Courmayeur : « A 2 000 mètres d’altitude, je sors de la forêt et là je vois dans la pénombre une ligne de lampes frontales. On est tous ensemble, dans le même effort… et au-dessus il y a les étoiles. » Au fil des kilomètres, les sensations sont décuplées : « Dans les Alpes, quand j’ai vu ma femme et mes enfants au bord du chemin pour m’encourager, c’était très fort, glisse-t-il encore ému. De même, dans les Pyrénées, où l’accueil a été grandiose, dans un petit village, des enfants encourageaient tous les concurrents, au milieu de la nuit. Ce sont des choses qui boostent. »
Et qui donnent envie de repartir. Prochain grand objectif de Marco, le Tor des Glaciers, un épouvantail pour tous les trailers avec ses 330 kilomètres et ses 24 000 mètres de dénivelé positif. « Ça reste mon fantasme, avoue-t-il. Je ne pense pas être prêt pour 2022 donc je vise 2023. Et je sais déjà que je ne participerai pas à des courses encore plus longues, ça impacterait trop ma famille, mon emploi. »
En attendant, celui qui était de retour à La Cavalcade une semaine à peine après son périple pyrénéen, veut prendre part, en 2022, à plusieurs courses longues (100 à 160km) voire même au-delà des 200km, « pour franchir une étape supplémentaire vers les 300km. » Parmi les épreuves envisagées, la LyonSaintéLyon (156km), le trail du Mercantour (180km) ou peut être la Diagonale des Fous à La Réunion (166km).
En revanche, le mythique Ultra trail du Mont Blanc ne le tente pas : « Je me vois plutôt faire le tour du Mont Blanc en randonnée, en famille, comme lorsque j’étais enfant dans le Val d’Aoste. »